Bulletin de Situation Hydrologique (BSH) et des Nappes (BSN)

L’évaluation des indicateurs de situation des nappes  est réalisée à partir des données collectées via les services de Hub'Eau :

• de niveau des nappes disponibles dans le portail national d'Accès aux Données sur les Eaux Souterraines ADES,
• des données de niveau ou débit des sources disponibles dans le portail d'accès aux données publiques quantitatives relatives à l'écoulement des cours d'eau HydroPortail.

Ces données sont produites par les opérateurs des réseaux de suivi quantitatif des eaux souterraines, à savoir le BRGM mais aussi :

• des Conseils Départementaux : Landes et Vendée ;
• des Syndicats Mixtes : Syndicat Mixte d'Etudes et de Travaux de l'Astien (SMETA), Syndicat Mixte pour la protection et la gestion des Nappes souteraines de la Plaine du Roussillon (SMNPR) et Etablissement Public Territorial de Bassin Vistre - Vistrenque (EPTB Vistre - Vistrenque) ;
• une association créée par les collectivités et l'Agence de l'Eau locales : Association pour la Protection de la Nappe Phréatique de la Plaine d'Alsace (APRONA) ;
• un parc naturel régional : Parc Naturel Régional des Grands Causses (PNRGC).

Suivant les régions, plusieurs indicateurs sont produits pour interpréter l'état des nappes et leur évolution dans le cadre des différents BSN. Toutefois, ceux-ci comprennent a minima les deux informations suivantes pour chaque point de suivi et chaque système aquifère : 

• Caractérisation de l'évolution du niveau moyen mensuel  ;
• Caractérisation du niveau moyen mensuel par calcul de l'Indicateur  Piézométrique  Standardisé (IPS).

Evolution du niveau moyen mensuel

L'évolution du niveau moyen mensuel est déterminée en comparant le niveau moyen mensuel du mois de réalisation du BSN et le niveau moyen mensuel du mois précédent. En fonction des caractéristiques de battement des nappes , plusieurs critères permettent de définir si le niveau de la nappe est stable, en hausse ou en baisse. Ces critères sont détaillées dans les documents référencés dans le paragraphe Pour aller plus loin dans la méthodologie de calcul.

L'évolution du niveau des nappes est représentée de la manière suivante :

• Niveau en hausse :
  • Pictogramme triangle ou flèche pointant vers le haut sur les cartes ;
  • Couleur bleue dans les graphiques ;
  • Lettre H dans les tableaux.
• Niveau stable :
  • Pictogramme carré ou signe ' = ' sur les cartes ;
  • Couleur verte dans les graphiques ;
  • Lettre S dans les tableaux.
• Niveau en baisse :
  • Pictogramme triangle ou flèche pointant vers le bas sur les cartes ;
  • Couleur rouge dans les graphiques ;
  • Lettre B dans les tableaux.

Indicateur  Piézométrique  Standardisé (IPS)

L’IPS a été défini en 2013, par analogie avec l'index standardisé des précipitations, ou Standardized Precipitation Index (SPI) en version originale. Le SPI permet de caractériser des épisodes de sécheresse à différentes échelles de temps et est préconisé par l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) depuis 2009. Il est notamment utilisé par Météo-France pour la partie pluviométrie du BSH .

Le principe de calcul de l’IPS, décrit en détail dans les documents référencés dans le paragraphe Pour aller plus loin dans la méthodologie de calcul, consiste à projeter sur une loi normale centrée réduite un estimateur de la densité de probabilité des séries de données piézométriques d’un mois donné, estimateur ajusté sur les histogrammes de ces séries. Comme le SPI, l’IPS varie donc entre -3 (niveaux extrêmement bas, correspondant à une probabilité de non-dépassement très faible, égale à 0,00135, soit une période de retour théorique de 740 ans) et +3 (niveaux extrêmement hauts, de même période de retour par symétrie).

L'IPS peut être calculé en réalisant des moyennes sur des pas de temps différents :

• L'IPS 1-mois permet de caractériser le niveau moyen du mois en cours en le comparant avec tous les niveaux moyens du même mois les années précédentes. C'est l'indicateur utilisé en priorité dans le BSN mensuel et bimensuel.
• L'IPS 3-mois permet de caractériser le niveau moyen sur les 3 derniers mois (en incluant le mois en cours). Cet indicateur saisonnier permet de lisser les variations les plus fortes qui peuvent se produire sur les nappes les plus réactives d'un mois à l'autre. Dans le cadre du BSN Adour-Garonne, il est notamment utilisé pour rechercher une année de référence à laquelle comparer l'année en cours (année où l'IPS 3-mois est le plus proche de celui de l'année en cours).
• L'IPS 12-mois permet de caractériser le niveau moyen sur la dernière année. Il est notamment utilisé dans le cadre de la production d'un BSN national annuel.

L’intérêt majeur de cette méthode est qu’elle peut s'appliquer à tous types de nappes , dont les nappes à cycles pluriannuels et les nappes présentant une tendance à la baisse ou à la hausse. En résumé, l'IPS revient donc à quantifier les écarts à la moyenne (valeur de l'IPS égale à zéro) de façon homogène pour tous les piézomètres.

En janvier 2017, après une phase de tests, l'IPS a remplacé l'Indicateur de Position (IP) qui servait jusque-là à caractériser le niveau des nappes dans le BSN. Il est applicable sur l’ensemble des points de suivi des niveaux d’eau souterraine ayant une chronique de 15 ans minimum.

Sept classes ont été retenues pour indiquer l’état des nappes avec une graduation allant de « niveaux très bas » à « niveaux très hauts ». Des équivalences en termes de période de retour sont proposées (cf. tableau ci-dessous). Toutefois, l’utilisation de la terminologie propre à l’IPS sera privilégiée, principalement pour les nappes à cycle pluriannuel (que l’on ne peut pas traiter en termes de période de retour).

Sur les cartes, les graphiques et les tableaux (accompagnée du numéro de la classe dans ce dernier cas), l'IPS d'un point de suivi ou d'un système aquifère est représenté par un code couleur. Ce dernier a évolué pour la première fois depuis la mise en place de l'IPS en juin 2025. Les deux codes couleurs sont indiqués dans le tableau ci-dessous, avec les caractéristiques de chacune des 7 classes d'IPS.

Evolution de la classe d'IPS

Dans le cadre du BSN du bassin Adour-Garonne, un troisième indicateur a été mis en place pour compléter les deux premiers :

• L'IPS permet de comparer le niveau moyen d'un mois donné aux mêmes mois des années précédentes, afin de déterminer si le niveau des nappes est plus ou moins haut / bas / autour de la moyenne pour ce mois donné.
• L'évolution du niveau moyen mensuel permet de caractériser le battement de la nappe en valeur "absolue" : en période de recharge (automne-hiver), les niveaux vont le plus souvent monter ; en période de vidange (printemps-été), les niveaux vont le plus souvent baisser.

L'évolution de la classe d'IPS mesure le changement de classe d'IPS entre deux mois consécutifs. Il s'agit en quelque sorte de la dérivée de la valeur d'IPS. Elle va caractériser :

• Dans le cas d'un maintien de la classe d'IPS, une évolution (recharge ou vidange) conforme à la normale pour cette période de l'année.
• Dans le cas d'une hausse de la classe d'IPS, une recharge supérieure à la normale ou une vidange inférieure à la normale pour cette période de l'année.
• Dans le cas d'une baisse de la classe d'IPS, une recharge inférieure à la normale ou une vidange supérieure à la normale pour cette période de l'année.

Plus la variation de classes d'IPS est importante, plus cela caractérise un mois exceptionnel du point de vue de la recharge ou de la vidange. Toutefois, cette remarque est à nuancer en fonction des nappes et des points de suivi : 

• Certaines nappes très réactives (cas des karsts par exemple) peuvent voir leur IPS augmenter de plusieurs classes sous l'effet d'un mois particulièrement pluvieux et redescendre aussi vite le moins suivant en l'absence de précipitations.
• Certains piézomètres présentent des battements très faibles et quelques centimètres de fluctuation du niveau peuvent y avoir un effet considérable sur l'IPS alors que la recharge ou la vidange ne sont pas particulièrement excessives.

Le tableau ci-dessous présente le code couleurs utilisé dans les graphiques du BSN Adour-Garonne.

Parmi les points des réseaux de suivi quantitatif de l'état des eaux souterraines, le BRGM a sélectionné les piézomètres et sources pertinents pour la réalisation du BSN. En particulier, ils doivent :

• Disposer d'au moins 15 ans de chronique complète pour le calcul de l'IPS ;
• Etre représentatifs d'un aquifère d'importance à l'échelle du bassin hydrographique ;
• Ne pas faire l'objet de prélèvements réguliers, dans la mesure du possible ;
• Ne pas être sujets à une tendance à la baisse liée à l'exploitation de la ressource, là aussi, dans la mesure du possible.

Chaque point de suivi, baptisé Indicateur Ponctuel (IP) est rattaché à l' aquifère qu'il représente. Dans le cadre du BSN national, ceux-ci sont regroupés en grands systèmes aquifères baptisés Indicateurs Globaux (IG).

Dans le cadre du BSN, les deux indicateurs principaux, l'évolution du niveau moyen mensuel et l'IPS, sont calculés à l'échelle de chaque IP et de chaque IG. Pour ces derniers, le calcul est fait en moyennant le résultat des IP qui le composent.

Initialement, le BSN comportait 31 Indicateurs Globaux correspondant à de vastes systèmes aquifères disposant de suffisamment de points de suivi pertinents pour être utilisés comme Indicateurs Ponctuels, la principale restriction étant la longueur de la chronique. En 2023, le nombre de chroniques de plus de 15 ans et donc d'IP potentiels ayant considérablement augmenté, une révision des IG a été réalisée :

• Découpage de certains des grands systèmes aquifères en plusieurs IG : par exemple, les causses du Quercy et les Grands Causses ont été scindés en deux IG distincts.
• Ajout de systèmes aquifères qui ne disposaient pas d'un suivi suffisant jusque-là : par exemple, le socle de la Bretagne occidentale.
• Création d'IG y compris dans les secteurs pour lesquels le BSN ne permet pas encore de suivre l'état et l’évolution des ressources en eau souterraine :
  • Soit, en raison de l'absence quasi-totale ou totale de points de suivi : par exemple, la nappe alluviale de la Charente ;
  • Soit, en raison de la grande hétérogénéité du système aquifère , qui rend chaque point de suivi peu représentatif de l'ensemble, avec une couverture pas assez dense pour avoir une vision complète : c'est le cas des massifs montagneux intensément plissés (Alpes, Pyrénées en particulier) ;
  • Soit, en raison de l'absence d' aquifère étendu dans un vaste secteur, qui rend, là aussi, les rares points de suivi peu représentatifs : par exemple, les formations molassiques du Bassin aquitain.

A l'issue de cette révision, la France continentale et la Corse comptaient 75 Indicateurs Globaux, dont 60 disposant d'un suivi de l'état et de l’évolution des ressources en eau souterraine rapporté régulièrement dans le BSN.

En mai 2025, à l'occasion d'une étude spécifique à l'échelle du bassin Adour-Garonne, un travail de mise en cohérence des IG avec le référentiel des Masses d'Eau SOuterraines ( MESO ) a été réalisé. L'objectif était que chaque MESO soit rattachée à un unique IG. Ce travail a conduit :

• A réviser les contours de certains IG à l'intérieur du bassin Adour-Garonne ;
• A supprimer un IG sans aucun point de suivi et pour lequel la MESO avait également été supprimée du dernier référentiel (Marais de Rochefort et Oléron) ;
• A ajouter 5 IG pour lesquels l'état et l’évolution des niveaux d'eau souterraine ne sont pas inclus dans le BSN.

Les 79 IG actuellement en vigueur sont présentés dans le tableau et la carte suivants.

Carte nationale des IG du BSN

BRGM