Le cheminement de la Pointe de la Barbette à la Pointe de la Belette permet d’observer une série géologique au sein de laquelle deux épisodes récifaux vont s’insérer et se succéder à travers des strates de
calcaire
bioclastique. D’un point de vue stratigraphique, cette série représente des niveaux datant du Kimméridgien inférieur (- 157 Ma env. – âge Jurassique).
Au cours du cheminement proposé, on recoupe cette série respectivement depuis les dépôts les plus anciens jusqu’aux plus récents.
Ainsi, la falaise de la Pointe de la Barbette représente la base de la série disposée de manière plus ou moins horizontale et monoclinale. Les premiers niveaux sont constitués par des bancs
calcaire
fins stratifiés et très fracturés, sur lesquels reposent en
discordance
, un bioherme correspondant à un premier épisode récifal coiffé par un
calcaire
oolithique peu épais.
Puis, par l’intermédiaire du jeu de failles normales bien visibles sur les falaises, on descend dans la série en laissant les témoins du premier épisode récifal qui passent sous nos pieds au sud de la faille. Ainsi, au-dessus de l’estran au niveau de la pointe du Chay, on trouve une succession de sédiments constituée de marnes, de calcaires bioclastiques renfermant de nombreux fossiles et de marno-calcaires. Cette succession sédimentaire est recoupée par un second bioherme qui témoigne d’un second épisode récifal dans les séries du Kimméridgien inférieur. La
discordance
indique également probablement l’existence d’une phase d’érosion intermédiaire.
La pointe de la Belette présente les strates supérieures de la Pointe du Chay ainsi que le même niveau de bioherme surplombant l’ensemble.
Paléoenvironnement
Les falaises de la péninsule du Chay exposent deux principaux épisodes récifaux. L’apparition et le développement de ces biohermes coralliens sont directement liés à la variation du niveau marin et aux conditions environnementales au Kimméridgien. Pendant cet étage géologique, la France se trouvait au niveau des tropiques, sous un climat comparable à celui des Bahamas aujourd’hui. Les coraux se développent dans un environnement relativement proche du littoral, dans la zone photique.
Le premier épisode récifal observable à la pointe de la Barbette a pris place pendant une période de
régression
marine dont la fin, l’émersion, est marquée par la surface usée au sommet du
calcaire
à oolithes. Le deuxième épisode récifal, surplombant la falaise de la pointe du Chay et de la Barbette, se produit au court d’un approfondissement du niveau marin qui va peu à peu provoquer sa disparition par envasement. Cette évolution du niveau marin se fait toutefois par à-coups successifs, avec des épisodes intermédiaires.
Illustrations
Parcourez les affleurements en cliquant sur les vignettes ci-dessous et découvrez les explications géologiques et interprétations hydrogéologiques.
Géologie
La falaise de la Pointe de la Barbette représente la base de la série visible à la Pointe du Chay.
D’un point de vue lithologique, des bancs calcaires fins, plus ou moins argileux, bien stratifiés constituent l’assise de l’affleurement (A). Ils sont caractérisés par la présence de Natica rupellensis (gastéropodes) et apparaissent très fracturés. Ils supportent un épais banc de bioherme, œuvre de coraux, représentant le premier épisode récifal de la série (B). Le contact discordant entre les séries A et B témoigne probablement d’une phase d’érosion intermédiaire. Au sommet de la falaise, les biohermes sont surmontés d’un niveau de calcaire oolithique de faible épaisseur (C ). Les oolithes sont de petites sphères calcaires se formant en milieu très agité. La surface du calcaire oolithique, décrite comme un hardground, est oxydée et perforée. Elle témoigne d’une émersion ainsi que d’un arrêt de la sédimentation et marque la fin de cet épisode récifal. Cette séquence atteste d’une régression.
Le bioherme est un faciès calcaire constitué par des organismes constructeurs (coraux, polypiers) le plus souvent en position de vie. Un bioherme se met en place généralement sous la forme de lentille épaisse exempte de stratigraphie évidente et qui semble structurellement indépendante des formations géologiques avoisinantes.
On note la présence de nombreux polypiers sur l’affleurement situé au niveau de la pointe de la Barbette.
Hydrogéologie
Les calcaires fins en bancs de la base de la série observées sur le site de la pointe du Chay (notamment ici au niveau de la pointe de la Barbette), présentent les caractéristiques décrites pour un aquifère fissuré. Ces faciès, aux caractéristiques hydrogéologiques plutôt imperméables à l’origine, présentent finalement une porosité due aux différentes familles de fractures pouvant être intéressantes d’un point de vue ressources en eaux souterraines.