B14A1 - Côte de la Ruasse (commune de Langoiran)

Paléoenvironnement

Durant l’Oligocène inférieur, aussi appelé Rupélien ou Stampien (-34 à -28 Ma), le littoral aquitain se trouvait sous climat tropical. Dans ce contexte et à l’endroit où l’on se trouve, des sédiments se sont empilés en formant ce que l’on nomme aujourd’hui le calcaire à Astéries. On y observe une succession de dépôts avec variations de faciès, qui illustrent les modifications des conditions environnementales (plus ou moins profondes, quantités variables d’apports détritiques continentaux, etc.).
Ainsi, on y trouve verticalement et dans l’ordre chronologique les faciès suivants (voir figure 2) :

• grès calcaires à stratifications obliques ;
• encroûtements d’algues calcaires et oursins ;
• calcaires et marnes à mollusques (bivalves et gastéropodes) ;
• calcaires coralliens.

Paléoenvironnement

Les sédiments observés se déposent dans un environnement de hauts fonds, qui présentent une double influence marine et continentale, où des faciès récifaux vont pouvoir se développer.

Dans la partie inférieure de la coupe géologique, les couches constituent un ensemble de calcaires bioclastiques tendres, à figures de dépôt et d’érosion abondantes (stratifications obliques ou ondulées, discontinuités d’érosion en forme de chenaux, micro-séquences emboîtées et tronquées). Elles sont très riches en débris de fossiles et en fossiles entiers de petite taille (Echinodermes : Echinocyamus piriformis ; Scutellidés ; éléments dissociés du squelette des Astérides, les ossicules ou astéries ; bryozoaires, petites valves d’Ostrea cyathula).

Dans la partie supérieure, on observe un ensemble de 15 à 20 m, composé de bancs calcaires, en général très durs, globalement horizontaux et séparés par des lits marneux. Ces niveaux sont en général très fossilifères, sans structure sédimentaire notable dans les bancs, qui sont le plus souvent totalement lithifiés. Les nombreuses empreintes de mollusques permettent d’identifier une riche malacofaune. On notera particulièrement l’abondance des Turbinidae (Heteroninella parkinsoni) et des Campanilidae (Campanile charpentieri). Ces dépôts correspondent à des environnements marins francs, très peu profonds (sans doute moins de 10 m), du type fonds à herbiers et algueraies.

Géologie

En regardant de plus près les affleurements situés au pied de la côte de la Ruasse, on observe les grès calcaires de la base de l’Oligocène inférieur, déposés il y a un peu moins de 34 millions d’années.
On y distingue assez nettement des formes laminées ou litages à double sens : ce sont les stratifications obliques, ondulées et entrecroisées caractéristiques du début de la transgression du Stampien.
Ces structures nous indiquent la forte influence des courants lors des dépôts, avec notamment l’enregistrement du balancement des marées.

Géologie

Dans le haut de la côte de la Ruasse, on peut observer les calcaires à algues et encroutements coralliaires du sommet de l’Oligocène inférieur, déposés il y a environ 28,5 millions d’années. On distingue nettement les coraux en position de vie (cf. illustration), qui illustrent un environnement marin, de type récifal et calme.

Ressources en matériaux et usages

Le calcaire à Astéries, également appelé « pierre de Bordeaux », a largement été employé comme pierre de construction pour les bâtiments dans la région bordelaise. Sur ce site, on retrouve les deux principaux faciès de la formation à Astéries, avec :

• les calcaires fossilifères bioclastiques, largement utilisés pour les édifices publics et de prestige (ex : le pont de pierre de Bordeaux) et aussi en façade des maisons urbaines basses que sont les « échoppes bordelaises » ;
• les calcaires et calcaires marneux durs, à empreintes de gastéropodes et bivalves, exploités en pierres de remblais et moellons.

L’utilisation massive du calcaire à Astéries dans l’Entre-deux-Mers, en tant que matériau extrait de carrières souterraines, est largement liée à l’essor économique engendré par l’activité viticole de la région, à partir du XI^e siècle. Mais à la suite d’un grand nombre d’accidents dans les carrières d’exploitations, notamment en raison de la fragilité du matériau et sa tendance à l’effondrement, l’exploitation du calcaire est interdite à la fin du XIX^e siècle. L’Entre-deux-Mers reste une région connue pour ses nombreuses carrières souterraines à l’abandon.
A Langoiran, l’exploitation du calcaire à Astéries fut très limitée, ce qui n’est pas le cas de Saint-Macaire, situé à 20 km au sud-est, où de nombreuses galeries ont été creusées dans le calcaire à Astéries, pour la construction d’ouvrages d’art sur la métropole bordelaise.